Comment débuter un jardin en permaculture ?

La permaculture, c’est bien plus qu’une façon de jardiner : c’est une philosophie de vie qui s’inspire de la nature pour concevoir des systèmes durables, résilients et efficaces. Dans un grand jardin, la permaculture peut apporter beaucoup. Mais les débuts peuvent effrayer : par quoi commencer ? Comment faire pour changer sa conception du jardinage ? Rassurez-vous, il n'est pas indispensable de tout maîtriser pour se lancer. L'important c'est d'observer, d'expérimenter et surtout de respecter la vie sous toutes ses formes. Alors, c'est parti, cette saison, vous vous lancez dans la permaculture. Nous vous guidons, pas à pas, dans votre transition.

Comprendre les bases de la permaculture

Avant de mettre les mains dans la terre et de cultiver son jardin en permaculture, peut-être est-il bon de comprendre les bases de cette philosophie de vie, parfois un peu galvaudée. Le mot vient de "permanent agriculture” (agriculture durable), mais on parle aussi de “culture permanente” au sens large. La permaculture c'est une manière de vivre qui respecte les cycles naturels et les besoins de tous les êtres vivants.

La permaculture s'appuie sur 3 grands principes éthiques :

1. Prendre soin de la terre en protégeant l'eau, le sol, les plantes, les animaux...
2. Prendre soin de l'humain, en le remettant au cœur de la société
3. Partager équitablement en redistribuant les surplus et en limitant la surconsommation.

À partir de ces principes éthiques, la permaculture propose 12 principes de conception permaculturelle, développés par David Holmgren, cofondateur du mouvement dans les années 1970. Ces principes aident à observer, planifier, expérimenter et améliorer le système petit à petit.

Observer avant d'agir

S'il est une règle d'or en permaculture, c'est bien celle-là. Avant d'intervenir, de planter ou de travailler le sol, on observe ! L'idée étant de comprendre l'environnement pour créer un équilibre biologique. Il est donc essentiel d'observer les éléments qui nous entourent, idéalement sur une saison complète :

• Le soleil : où se lève-t-il ? Quelles sont les zones ensoleillées ou ombragées ?
• Le vent : d'où vient-il ? Est-il fort ? Est-il froid ? Est-il desséchant ?
• L'eau : comment circule-t-elle ? Où stagne-t-elle ? Existe-t-il des zones inondables ?
• Le sol : est-il sableux, lourd, argileux, pauvre, riche ? Est-il neutre, acide ou calcaire ? Retient-il l'eau ?
• La biodiversité : quels insectes et oiseaux sont présents ? Quelles plantes poussent naturellement ?

Concevoir son jardin en permaculture

Une fois que toutes ces observations ont été faites et notées, vous pouvez passer à la conception à proprement parler, appelée « design » en permaculture. Pas besoin d'être paysagiste, il vous suffit d'une feuille blanche et d'un stylo !
Le principe est relativement simple : on pense en zones. Et, en permaculture, il y a en 6, la plus visitée au centre, et les autres réparties en espaces concentriques suivant la fréquence d'usage et d'entretien :

• Zone 0 : la maison
• Zone 1 : le potager et les plantes aromatiques
• Zone 2 : le poulailler, le clapier, le verger et les petits fruitiers
• Zone 3 : les cultures en plus grande quantité (fourrage, céréales)
• Zone 4 : pâturages, bois
• Zone 5 : zone sauvage naturelle, dédiée à la promenade ou le ramassage de champignons ou de baies.

Bien évidemment, dans ce jardin en permaculture, il est essentiel d'utiliser les ressources naturelles : l'eau de pluie est récupérée et les déchets organiques recyclés en compost. Enfin, il faut choisir de planter ce qui pousse bien au niveau local.

Les grands principes de la permaculture

Passons désormais à la pratique ! En permaculture, le jardin est un espace dédié à la production d'une alimentation variée. Le travail au jardin s'appuie sur plusieurs principes.

La préparation du sol

Le sol est un écosystème vivant donc il faut éviter de le retourner profondément au risque de détruire la vie souterraine (vers de terre, petits insectes, champignons, bactéries...). On va donc utiliser des outils qui respectent le sol, comme la fameuse « grelinette®», autrement appelée biofourche ou aérobêche.
Le paillage est également recommandé pour couvrir le sol, nourrir la microfaune, éviter la pousse des mauvaises herbes et surtout garder une certaine humidité. On paille avec de la paille, du foin, du BRF (bois raméal fragmenté), des feuilles mortes...
Le compost est aussi primordial car il permet de recycler les déchets de cuisine et de jardin, tout en enrichissant et en aérant le sol.
La culture en lasagne est aussi très représentative de la permaculture. Cette technique consiste à créer une butte fertile en alternant des couches de matières brunes (feuilles) et des couches de matières vertes (épluchures, tontes d'herbes).

Le choix des bonnes plantes

Il faut absolument sélectionner des plantes adaptées à votre climat, votre sol et votre mode de vie. On distingue différentes types de plantes, idéales pour les débutants :

• Plantes vivaces : comme elles reviennent chaque année, elles demandent peu de travail (oseille, rhubarbe, topinambour...)
• Plantes aromatiques : elles sont faciles à cultiver et souvent très mellifères (basilic, thym, romarin, menthe, ciboulette...)
• Plantes compagnes : elles peuvent être très utiles par leurs propriétés répulsives (œillet d'Inde, souci...)
• Plantes potagères simples (radis, courgette, salade, tomate, haricots...)

Favoriser la biodiversité

• En permaculture, on ne cherche pas à éradiquer les insectes ravageurs ou à éliminer les adventices. On fait avec et on essaie de créer un équilibre naturel en invitant les bons auxiliaires et alliés :
• Installer un hôtel à insectes, des tas de bois, de branchages, un muret en pierres pour attirer les insectes auxiliaires, des lézards, des hérissons...
• Planter des fleurs mellifères et nectarifères pour attirer les insectes pollinisateurs
• Garder une zone sauvage
• Créer un point d'eau comme une mare pour les grenouilles, les oiseaux
• Installer des nichoirs et des mangeoires pour les oiseaux.

On peut aussi utiliser des fertilisants naturels comme la cendre de bois, les purins de plantes, le fumier, l'urine, semer des engrais verts, appliquer la rotation des cultures mais tout ne se fera pas en une seule fois. La permaculture est un processus vivant qui s'installe et s'améliore au fil des saisons. Tout ne peut pas marcher, donc il faut s'adapter. Et surtout prendre du plaisir à jardiner.